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Port industriel

Bord de Mer, le 30 Septembre
Je suis dans une ville de bord de mer, paumé à faire partie du jury d’un festival de cinéma. Les gens qui organisent ça sont « jeunes, dynamiques et cinéphiles ». Je suis « jeune, alcoolique et spasmophile ». Autant dire qu’ils ne deviennent pas tout de suite mes meilleurs amis.

Ils tentent d’établir le contact, me demandent comment j’en suis arrivé là où j’en suis arrivé et rient poliment sans penser que je suis sincère quand je leur explique que je n’en suis nulle part et que j’étais trop saoul pour me souvenir du chemin que j’ai emprunté. A la base je devais simplement apporter un petit pot de beurre et de la morphine à ma mère-grand, mais j’ai rencontré un vaisseau extra-terrestre en chemin, on s’est envoyé toute la morphine, on a fait des trucs dégueulasses avec le beurre et dans le feu de l’action personne n’a pensé à consulter les cartes de l’IGN. C’est la dernière soirée, demain, je repars à Paris. Après quelques bières je demande à une jeune fille, une jolie blonde, s’il y a un endroit où on peut s’amuser dans le coin. Comme c’est une organisatrice, elle m’explique gentiment qu’on est là pour regarder des films et pas pour aller s’amuser. Un peu comme si on expliquait à un comptable qu’il doit encore se taper des colonnes de chiffre pendant son temps libre. Elle finit par me lâcher le nom d’une boîte, un truc genre le Macumba ou le Métropolis. Je pensais que ce genre de nom n’existait que dans les mauvais sketchs d’humoristes parisiens ou dans la bouche des animateurs de FM qui veulent faire croire qu’avant de « monter » à Paris ils n’allaient pas draguer dans ces endroits sordides. Hé bien non, ça existe réellement. Sur les coups de 2 heures du matin, je trouve enfin quelqu’un que je considère assez clean pour me conduire au Macumba/Métropolis ou quel que puisse être le nom de cet endroit. A l’entrée, le videur refuse de me laisser entrer. Un autre videur arrive. Miracle, il fait la sécurité du festival pendant la journée et vient prendre son service ici quand il a terminé. Il glisse un truc dans l’oreille de son collègue (sa langue ou quelques mots, je ne suis pas sûr, mais je dirais plutôt quelques mots quand même, c’est pas le genre des videurs de se glisser la langue dans l’oreille en public, même en province). Il lui glisse des mots du genre « tu sais pas qui c’est, etc, etc. ». Le premier videur ne sait pas qui je suis, n’en a rien à foutre et du coup me parait immédiatement beaucoup plus sympathique. Mais je suis tellement fait comme un Mickey et du coup débordant d’affection que je ferais l’amour à une des cent cinquante 205 GTI tunés qui sont sur le parking. Ceci dit ça m’aurait bien arrangé qu’il sache qui je suis parce que j’aurais pu lui poser la question. Je rentre. A l’intérieur, je cavale au bar en abandonnant misérablement mon chauffeur. Quelqu’un pose une main sur mon épaule. J’ai tellement peur que je manque de me pisser dessus. C’est le directeur de la boite. Il est accompagné du videur qui m’a permis de rentrer et qui s’éclipse une fois les présentations faites. Le directeur m’explique qu’il m’a mis « une bouteille à la table là-bas ». Je rampe jusqu’à la table. Je m’écroule sur un canapé noir et j’ai une absence d’environ ¾ d’heure. Quand j’émerge, la bouteille est vide et je crois bien que je suis le seul à m’être servi. Impossible aujourd’hui de me rappeler ce qu’il y avait dans la bouteille. Si ça se trouve, le directeur, en voyant mon état, m’a refilé un litre et demi de Contrex. La Gentille Organisatrice à qui j’ai demandé où l’on pouvait s’amuser est assise à côté de moi. Je suis pourtant sûr que ¾ d’heure avant elle n’y était pas. En même temps, je suis sûr que certaines nuits un lapin géant me regarde dormir alors pour ce que valent mes certitudes… Elle est venue avec ce qui semble être son petit ami et me regarde comme si j’étais capable de provoquer des orgasmes spontanés. Apparemment elle a un peu décroché de son obsession cinéphilique mais n’a pas obtenu la permission de sortir sans son prétendant. Il me demande si je fais du Hand. Il est 3h30 du matin et un mec me demande si je fais du Handball. Je lui réponds que non et il m’explique que pourtant, en voyant mes chaussures on dirait que je fais du Hand. Comme je n’espère pas comprendre un jour, je me lève en leur disant de commander une bouteille à mon nom. Je vais danser. La jolie blonde me rejoint. Je finis par l’entraîner dans les toilettes. Je ne vous raconterais pas ce qui s’est passé, vous n’avez qu’à demander aux gens qui étaient dans la cabine d’à côté, ils faisaient la même chose. J’ai été tenté de la pincer en traître pour qu’elle gueule un bon coup, histoire de préserver ma réputation, mais je ne l’ai pas fait. Au bout d’un moment, je lui demande de m’attendre 2 minutes et je me sauve. Sur le parking, je trouve quelqu’un pour me raccompagner jusqu’en ville. Le soleil se lève. Je décide d’aller regarder l’astre majestueux grimper au firmament dans l’aube chamarrée, ou un truc débile dans ce genre. Je me retrouve au milieu du port industriel, entouré d’usines chimiques qui tournent à plein régime. Ca pue tellement que je vomis dans l’eau. Je retourne à l’hôtel.

Dans le train qui nous ramène à Paris le jour même, j’apprends de la bouche d’un des autres membres du jury qu’ils ont passé la nuit dans la seule boite bien de la région. Il le sait que c’est la seule boite bien de la région, parce qu’il a grandi dans le coin et que lui il y allait pendant que les autres traînaient dans des endroits sordides comme le Macupolis ou le Métrocumba, je n’ai pas bien entendu, je crois que je dormais déjà.

Ecrit par Shell, le Vendredi 9 Mai 2003, 15:21 dans la rubrique "Nuit".